ART ET CULTURE
L’émotion du Marin Inconu de Antonello da Messina
C'est le deuxième sourire le plus célèbre au monde, après la Joconde, le portrait d'un homme ou portrait du Marin Inconnu, une peinture à l'huile sur bois de Antonello da Messina.
Pour le dire comme Léonard, les images sont plus puissantes que les paroles. Léonard défiait quiconque d’écrire le nom de Dieu tout en peignant un portrait: « Vous verrez, disait-il, où tous iront prier ». Un tableau émeut souvent plus qu’un discours ou un texte écrit, les émotions que parvient à transmettre le Marin Inconnu de Antonello, exposé dans les salles du Musée Mandralisca de Cefalû, valent plus que tous les mots.
C’est le deuxième sourire le plus célèbre au monde, après la Joconde, le portrait d’un homme ou portrait du Marin Inconnu, une peinture à l’huile sur bois (31×24,5 cm) peinte par Antonello da Messina, datée entre 1460 et 1475, offerte par le baron philanthrope Pirajno de Mandralisca, qui s’intéressait grandement à la peinture, et qu’il reçut lors de l’un de ses voyages à Lipari (tout du moins c’est l’histoire racontée à ce jour).
Le Baron se trouva face à une peinture sur bois représentant un homme au profil marqué, un étrange sourire aux lèvres.
Un sourire ironique, cinglant et en même temps amer, comme si derrière cette expression il y avait un monde intérieur à découvrir. Un sourire moqueur de celui qui, conscient du présent, entrevoit le futur, un tableau mystérieux qui renferme encore aujourd’hui des secrets, en partie révélés dans une récente étude réalisée par Sandro e Salvatore Varzi e Alessandro Dell’Aira., étude dans laquelle il est dit que le visage peint n’est pas celui d’un marin de Lipari.
C’est un sceau, un emblème épiscopal, à l’arrière du tableau, qui a ouvert une piste pour arriver à l’identité du protagoniste du chef d’œuvre d’Antonello da Messina. Loin d’être celle d’un marin, l’énigmatique expression appartient à un puissant évêque-ambassadeur, précepteur de Ferdinand II d’Aragon, roi d’Espagne et de Sicile, celui qui, avec sa femme Isabelle de Castille, finançât l’entreprise de Colomb. Il s’appelle Francesco Vitale, originaire des pouilles, et a dirigé le diocèse de Cefalù de 1484 jusqu’à sa mort en 1492.
Seule certitude, l’auteur du tableau est bien Antonello da Messina comme certifié en 1860 dans l’expertise menée par Giovan Battista Cavalvaselle.